RDC : Clôture à Kinshasa du Dialogue National sur la gouvernance minière — Vers une transformation des « minéraux de conflit » en moteurs de développement durable dans la région des Grands Lacs

Kinshasa — Clôturé ce 17 avril 2025 après trois jours d’échanges intenses, le Dialogue National sur la gouvernance minière en contexte de conflit en République Démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs s’annonce comme un tournant décisif dans la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles et la pacification de l’Est du pays.

Organisé par le Comité de Crise pour la Paix et la Sécurité (CCPS S-RDC), ce dialogue a rassemblé le gouvernement congolais, des représentants de la société civile, des chercheurs, des acteurs économiques et des partenaires internationaux pour poser les bases d’une nouvelle gouvernance minière tournée vers la paix, la transparence, et le développement local.La cérémonie d’ouverture, tenue le 15 avril, a donné le ton : la Première ministre Judith Suminwa, présente en personne, a exprimé avec fermeté la détermination du gouvernement à mettre fin à l’économie criminelle qui alimente les conflits à l’Est du pays. Elle a dénoncé sans détour la fraude, la corruption, et les réseaux illégaux qui gangrènent le secteur minier congolais.

« Nous devons briser ce cycle infernal et reprendre le contrôle de nos ressources », a-t-elle déclaré devant un parterre d’acteurs institutionnels et communautaires.

Elle a exhorté la société civile à jouer un rôle actif dans la dénonciation et le suivi des mécanismes de régulation, tout en appelant les multinationales à plus de responsabilité et de transparence, en particulier sur la traçabilité des minerais et la redistribution équitable des profits vers les communautés locales.

Cet engagement a été appuyé par les interventions fortes du ministre des Mines, qui a souligné la nécessité d’une action immédiate et coordonnée, et du ministre des Communications, présent également dans la délégation officielle.Le deuxième moment fort du dialogue a été la série de débats et de réflexions croisées entre les participants. Chercheurs, représentants de communautés locales, entreprises minières, et ONG ont mis en évidence la dimension économique comme facteur principal des conflits armés, reléguant les tensions identitaires à des causes secondaires.

Il a été démontré, chiffres et témoignages à l’appui, que l’Est de la RDC, notamment le Sud-Kivu, est devenu le terrain d’une économie criminelle structurée, échappant largement au contrôle de l’État. Selon le gouverneur de cette province, 67 % de la production minière échappent à toute régulation.”Il faut changer le paradigme”, a martelé Jean pierre OKENDA l’un des intervenants. “Quitter les minéraux de conflit pour entrer dans l’ère des minéraux de développement.”

Cette situation alimente non seulement l’insécurité, mais prive également la population congolaise de recettes fiscales et d’opportunités de développement. Le dialogue a mis en lumière la porosité des frontières et l’implication d’acteurs régionaux, notamment le Rwanda, dans l’exportation illégale de minerais.Les recommandations issues des travaux ont été claires et ambitieuses. Le plan d’action se décline en trois axes stratégiques :

1. Mesures d’urgence pour interrompre le financement des groupes armés

  • Suspension immédiate des exportations de minerais issus de zones sous contrôle illégal ou criminel.
  • Rejet des systèmes de certification douteux, particulièrement dans un contexte que les experts qualifient de « risque absolu ».
  • Documentation systématique, par la société civile, des acteurs — entreprises comme individus — qui tirent profit de l’exploitation minière liée aux conflits.
  • Transparence et redevabilité à chaque niveau de la chaîne d’approvisionnement, du site artisanal aux multinationales du secteur technologique.

2. Pression diplomatique et actions régionales au sein de la CIRGL

Le dialogue a réclamé une réforme de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) pour une traçabilité rigoureuse, réaliste et non manipulable. Les auditeurs qui valideraient aujourd’hui des exportations comme « propres » dans des zones sous influence étrangère sont désormais remis en cause.

3. Réformes structurelles et vision nationale du secteur minier

L’ultime levier, et non des moindres, est la transformation en profondeur du secteur artisanal et des petites mines. Cela implique :

  • La définition d’une vision stratégique nationale sur le rôle et la place du secteur artisanal.
  • La rationalisation des procédures administratives, des titres d’exploitation, et des coûts associés à la formalisation des activités minières.
  • L’accompagnement des mineurs artisanaux vers des pratiques durables et légalisées.La feuille de route nationale, qui doit être finalisée ce 18 avril, jettera les bases du dialogue institutionnel à venir entre l’État et tous les partenaires impliqués. La Première ministre Judith Suminwa s’est engagée à intégrer les recommandations du dialogue dans la stratégie gouvernementale, tout en promettant un suivi rigoureux et transparent.« Ce n’est pas la fin, mais un début. Nous avons désormais une base pour transformer notre secteur minier en véritable moteur de développement », a résumé l’un des organisateurs du CCPS S-RDC.

Par kilalopress

Kinshasa — Clôturé ce 17 avril 2025 après trois jours d’échanges intenses, le Dialogue National sur la gouvernance minière en contexte de conflit en République Démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs s’annonce comme un tournant décisif dans la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles et la pacification de l’Est du pays.

Organisé par le Comité de Crise pour la Paix et la Sécurité (CCPS S-RDC), ce dialogue a rassemblé le gouvernement congolais, des représentants de la société civile, des chercheurs, des acteurs économiques et des partenaires internationaux pour poser les bases d’une nouvelle gouvernance minière tournée vers la paix, la transparence, et le développement local.La cérémonie d’ouverture, tenue le 15 avril, a donné le ton : la Première ministre Judith Suminwa, présente en personne, a exprimé avec fermeté la détermination du gouvernement à mettre fin à l’économie criminelle qui alimente les conflits à l’Est du pays. Elle a dénoncé sans détour la fraude, la corruption, et les réseaux illégaux qui gangrènent le secteur minier congolais.

« Nous devons briser ce cycle infernal et reprendre le contrôle de nos ressources », a-t-elle déclaré devant un parterre d’acteurs institutionnels et communautaires.

Elle a exhorté la société civile à jouer un rôle actif dans la dénonciation et le suivi des mécanismes de régulation, tout en appelant les multinationales à plus de responsabilité et de transparence, en particulier sur la traçabilité des minerais et la redistribution équitable des profits vers les communautés locales.

Cet engagement a été appuyé par les interventions fortes du ministre des Mines, qui a souligné la nécessité d’une action immédiate et coordonnée, et du ministre des Communications, présent également dans la délégation officielle.Le deuxième moment fort du dialogue a été la série de débats et de réflexions croisées entre les participants. Chercheurs, représentants de communautés locales, entreprises minières, et ONG ont mis en évidence la dimension économique comme facteur principal des conflits armés, reléguant les tensions identitaires à des causes secondaires.

Il a été démontré, chiffres et témoignages à l’appui, que l’Est de la RDC, notamment le Sud-Kivu, est devenu le terrain d’une économie criminelle structurée, échappant largement au contrôle de l’État. Selon le gouverneur de cette province, 67 % de la production minière échappent à toute régulation.”Il faut changer le paradigme”, a martelé Jean pierre OKENDA l’un des intervenants. “Quitter les minéraux de conflit pour entrer dans l’ère des minéraux de développement.”

Cette situation alimente non seulement l’insécurité, mais prive également la population congolaise de recettes fiscales et d’opportunités de développement. Le dialogue a mis en lumière la porosité des frontières et l’implication d’acteurs régionaux, notamment le Rwanda, dans l’exportation illégale de minerais.Les recommandations issues des travaux ont été claires et ambitieuses. Le plan d’action se décline en trois axes stratégiques :

1. Mesures d’urgence pour interrompre le financement des groupes armés

  • Suspension immédiate des exportations de minerais issus de zones sous contrôle illégal ou criminel.
  • Rejet des systèmes de certification douteux, particulièrement dans un contexte que les experts qualifient de « risque absolu ».
  • Documentation systématique, par la société civile, des acteurs — entreprises comme individus — qui tirent profit de l’exploitation minière liée aux conflits.
  • Transparence et redevabilité à chaque niveau de la chaîne d’approvisionnement, du site artisanal aux multinationales du secteur technologique.

2. Pression diplomatique et actions régionales au sein de la CIRGL

Le dialogue a réclamé une réforme de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) pour une traçabilité rigoureuse, réaliste et non manipulable. Les auditeurs qui valideraient aujourd’hui des exportations comme « propres » dans des zones sous influence étrangère sont désormais remis en cause.

3. Réformes structurelles et vision nationale du secteur minier

L’ultime levier, et non des moindres, est la transformation en profondeur du secteur artisanal et des petites mines. Cela implique :

  • La définition d’une vision stratégique nationale sur le rôle et la place du secteur artisanal.
  • La rationalisation des procédures administratives, des titres d’exploitation, et des coûts associés à la formalisation des activités minières.
  • L’accompagnement des mineurs artisanaux vers des pratiques durables et légalisées.La feuille de route nationale, qui doit être finalisée ce 18 avril, jettera les bases du dialogue institutionnel à venir entre l’État et tous les partenaires impliqués. La Première ministre Judith Suminwa s’est engagée à intégrer les recommandations du dialogue dans la stratégie gouvernementale, tout en promettant un suivi rigoureux et transparent.« Ce n’est pas la fin, mais un début. Nous avons désormais une base pour transformer notre secteur minier en véritable moteur de développement », a résumé l’un des organisateurs du CCPS S-RDC.

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