RDC : Clôture à Kinshasa de la formation en écologie intégrale par la CERN, couplée à la Journée internationale de l’arbre à l’Université Mazenod

Kinshasa, Ce vendredi, la grande salle de l’Université de Mazenod oblats de Marie Immaculée à Kinshasa-Kintambo s’est muée en une agora d’échange, de réflexion et de prière, à l’occasion de la Journée internationale de l’arbre, célébrée en synergie avec la clôture solennelle de la formation des formateurs en écologie intégrale, organisée par la Commission Épiscopale Nationale du Congo (CENCO). Une ambiance digne d’une conférence universitaire conjuguée à la solennité d’une messe commémorative a ponctué cette journée pas comme les autres.

Tout commence sous le regard bienveillant de la croix et dans un silence studieux. Le Révérend Père Robert Mungela, responsable du programme Laudato Si’ en RDC, ouvre la cérémonie. D’une voix posée, il installe le ton : « Nous sommes rassemblés pour un dialogue universitaire sur la transition énergétique… Kinshasa a été inondée à deux reprises ces dernières semaines. Ce n’est plus une coïncidence. »

Le décor est planté : il ne s’agit pas simplement de discuter, mais de réfléchir en conscience sur l’avenir énergétique de la RDC, dans l’esprit de l’encyclique Laudato Si’ du pape François. Les interventions s’enchaînent avec rigueur. Une première présentation revient sur le message fondamental de Laudato Si’ faite par soeur solange. Une autre met en lumière le rôle vital des tourbières congolaises, véritables puits de carbone, et leurs implications sur les droits des communautés locales.

Puis, le moment tant attendu : le Professeur KISONGA géologue de formation à la Faculté de l’environnement, monte à la tribune. Il présente un état des lieux captivant sur les minéraux critiques, éléments clés de la transition énergétique. Son exposé suscite un débat vif et nourri dans la salle. Étudiants, professeurs, curieux et convaincus, tous prennent part au dialogue interuniversitaire, soulevant la nécessité d’un changement structurel urgent dans l’exploitation et la gestion des ressources naturelles. Après les échanges intellectuels, place au recueillement. Tous les participants se dirigent en procession vers l’église de l’université, lieu sacré pour clore cette semaine de formation. Dans la pénombre paisible des vitraux colorés, les esprits s’apaisent.

Le Révérend Père Robert Mungela livre alors une homélie empreinte de gravité et d’espérance, véritable prière écologique et en faveurs de defenseurs climatiques. « Dieu créateur, par TOI, toutes choses ont été faites, les étoiles, les oiseaux, l’étendue de la vie sous les mers. La beauté nous entoure, comme une lettre d’amour inscrite sur cette terre. Béni soit ton nom. » Son ton se fait plus solennel, plus douloureux aussi : « Hélas! nous n’avons pas été à la hauteur de notre vocation de protecteurs de ta Création. La terre a été pillée, elle crie vers nous. À cause de notre utilisation excessive de combustibles fossiles, nous avons rempli le ciel de gaz qui nuisent à notre monde, Ta création. » Il souligne que cette crise environnementale frappe d’abord les plus vulnérables : « Nous savons que ce sont les pauvres qui souffrent le plus de nos actions. En Afrique, plus de 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’énergie pour se développer, et nous demandons pardon. » Mais dans cet appel à la repentance, une flamme d’espoir s’élève : « Nous savons aussi que les choses peuvent changer. Avec la grande potentialité de la RDC en énergies renouvelables, nous trouvons la chance et le courage de nous engager pour restaurer notre maison commune. » Tout doucement l’homélie du révérend père se transforme en prière d’action :« Nous prions pour que ceux qui ont des pouvoirs de décision se répartissent de l’industrie fossile. Nous prions pour que les dirigeants politiques fassent place à des formes abordables d’énergie propre pour tous. Nous demandons que les travailleurs soient traités équitablement pendant cette transition. » Et enfin, un engagement ecologique, profond partagé : « Touche le cœur de ceux qui ne cherchent que le profit aux dépens de la Terre et des pauvres. Aide-nous à saisir de nouvelles possibilités, à nous engager sur cette voie de renouvellement. Nous te prions. »

La messe s’est poursuivie dans un climat de paix et de méditation, portée par les chants et les silences. Dans cette atmosphère recueillie, le message a retenti au-delà des mots : la Terre est sacrée, et notre devoir est de la préserver. Dans un souffle de conclusion, alors que l’assemblée sort paisiblement de l’église, Jeanne-Marie Abanda, Secrétaire Exécutive du CERN à la CENCO, s’adresse aux journalistes avec calme et conviction. C’est une voix de femme, mais aussi une voix d’Église qui parle. « Vous savez bien que dans notre programme, nous avons retenu 17 Journées internationales des ressources naturelles. La Journée de la Terre a ouvert l’atelier. Celle de l’Arbre le clôture. Ce n’est pas un hasard, c’était planifié. » Elle insiste sur l’importance de la mobilisation à la base Puis, elle aborde le fond:

« L’idée, c’est que nos paroisses, nos communautés, nos diocèses s’approprient ces célébrations dans leur quotidien. Il faut redonner vie à nos structures ecclésiales à partir de la base. Ce que nous voulons, c’est basculer les énergies fossiles vers les énergies renouvelables. C’est plus qu’urgent. Nous ne devons pas continuer à alimenter le réchauffement climatique. » Jeanne-Marie Abanda conclue, avec une feuille de route claire : « D’ici au 24 mai, date anniversaire de Laudato Si’, chaque formé doit former au moins 100 autres personnes. Je veux des chiffres. On doit pouvoir dire que depuis avril, nous avons formé des citoyens et citoyennes écologistes. Pas des activistes, mais des amoureux des ressources naturelles, soucieux de vivre comme Dieu l’a voulu. » La journée s’est conclue autour d’un cocktail convivial, véritable trait d’union entre l’intellect et l’humain, entre l’engagement spirituel et la transformation concrète. Ainsi, cette formation des formateurs s’achève, mais le mouvement commence. Avec cette rencontre, Kinshasa n’a pas seulement célébré une journée internationale — elle a posé les jalons d’un engagement national pour une transition énergétique juste et durable. Avec le mouvement Laudato Si’ à Kinshasa, les graines de la conscience écologique ont été plantées. À nous tous de les faire germer.

Par Franck zongwe lukama

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

mkaaji_mupya
gnwp
palmadoc
ACEDH
%d blogueurs aiment cette page :