Imaginez une salle parisienne, vibrante d’arômes exotiques, où des échantillons de café, de cacao, de piment et de miel en provenance de la République Démocratique du Congo (RDC) captivent les papilles d’experts internationaux. Ce scénario est devenu réalité lors du concours de dégustation organisé par l’Association Aide aux Paysans et Producteurs d’Afrique (APPA). Résultat ? Les produits congolais, portés par des femmes entrepreneures du Forum d’Entrepreneuriat des Femmes Congolaises (FEFCO), ont été sacrés « meilleurs » sur le marché européen. Une annonce officialisée par le Ministère du Commerce extérieur de la RDC ce 24 février, marquant un tournant historique pour l’économie congolaise.
Dans un contexte où l’Afrique peine souvent à valoriser ses produits face aux géants internationaux, cette victoire est un symbole de résilience. « C’est la preuve que la qualité congolaise peut rivaliser avec les standards mondiaux », souligne Marie-Hélène Ngoie Sango, présidente du FEFCO. Au-delà de la reconnaissance, l’enjeu est économique : la RDC, riche en ressources mais fragilisée par des décennies de conflits, voit ici une opportunité de transformer son agriculture en levier de développement. Avec des commandes massives en perspective, ces produits pourraient générer des millions de dollars et créer des emplois, notamment en milieu rural.
Mais comment expliquer ce succès ? Les femmes du FEFCO, souvent mères, agricultrices et cheffes d’entreprise, ont su fusionner savoir-faire traditionnel et rigueur professionnelle. Soutenues par l’Agence Nationale pour la Promotion des Exportations (ANAPEX) et l’Office Congolais de Contrôle (OCC), elles comptent surmonté les défis logistiques et normatifs pour exporter leurs trésors.
Derrière cette victoire se cache un mécanisme méticuleux. L’APPA a structuré le concours pour mettre en lumière des produits éthiques et durables, attirant des acheteurs soucieux de responsabilité sociale. Le FEFCO, quant à lui, a formé ses membres aux exigences européennes : traçabilité, emballage certifié, lutte contre les pesticides. « Chaque grain de cacao est contrôlé pour garantir son excellence », explique Benezeth Msafiri Kyakakala, directeur de cabinet du Ministère du Commerce extérieur.
Pourtant, le plus grand défi reste à venir : répondre à la demande. Marie-Hélène Ngoie Sango alerte : « Il faut mobiliser les ministères de l’Agriculture et de l’Industrie pour intensifier la production sans sacrifier la qualité. » Une course contre la montre s’engage, alors que le FEFCO s’apprête à signer en France des contrats qui pourraient multiplier par dix leurs exportations. Alors que la RDC écrit une nouvelle page de son histoire économique, une question persiste : et si ces femmes entrepreneures étaient les pionnières d’un modèle où commerce rime avec équité ? La réponse, peut-être, se trouve dans votre prochaine tasse de café.
Par kilalopress