Kinshasa, 5 avril 2025 – La situation alarmante des gorilles de plaine au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC), prend une tournure dramatique alors que des conflits armés dans la région, exacerbés par l’occupation rwandaise à travers l’AFC/M23, mettent en péril l’existence même de ces animaux emblématiques. Seize familles de gorilles, dont certaines habituées à la présence humaine, sont aujourd’hui menacées d’extinction dans le parc national de Kahuzi-Biega, l’un des joyaux naturels de la RDC, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Tshivanga, une localité située à seulement 30 kilomètres de Bukavu, est actuellement sous occupation des forces rebelles soutenues par le Rwanda. Le parc national de Kahuzi-Biega, qui abrite ces gorilles de plaine, se trouve désormais dans une situation de crise sans précédent. Les violences armées, principalement caractérisées par des tirs nourris, perturbent gravement la faune locale, notamment les gorilles qui vivent dans cette zone montagneuse.
« Lorsque des coups de feu résonnent dans le parc, les animaux se cachent instinctivement, pensant d’abord qu’il s’agit de tonnerre. Mais à force, ils réalisent qu’il s’agit d’un danger mortel et se réfugient dans des zones de plus en plus reculées », explique une source locale. Le traumatisme infligé par ces tirs aux gorilles, souvent incapables de comprendre la nature de la menace, perturbe leur comportement et leur mode de vie. Les gorilles de plaine, particulièrement vulnérables, subissent directement les conséquences de ces conflits. Parmi les seize familles identifiées dans la haute altitude du parc, certaines étaient en bonne santé et relativement protégées, tandis que d’autres sont encore sauvages, craintives de l’homme. Parmi les familles menacées, deux étaient déjà habituées à la présence humaine et aux visites des touristes, à l’image de la famille de Bonané, qui comptait neuf individus, et celle de Mpungwe, forte de 16 membres. Ces gorilles, qui interagissaient fréquemment avec les éco-touristes, voient désormais leur existence perturbée par l’absence de suivi et la fuite des éco-gardes de la région.
Les éco-gardes, eux-mêmes pris dans la tourmente des combats, ont été contraints de fuir et de se réfugier à Miti et Kavumu, à 30 kilomètres au nord de Bukavu. Cette situation expose davantage les gorilles, dont le suivi est indispensable à leur survie, notamment pour les protéger des braconniers et des perturbations humaines. L’impact du conflit dépasse le domaine environnemental et atteint également l’économie locale et nationale. Le parc national de Kahuzi-Biega, qui attire chaque année un grand nombre de touristes étrangers et nationaux, est désormais fermé au tourisme. Cela prive la RDC de millions de dollars générés par les visites des gorilles, dont le prix d’entrée est de 400 dollars pour les étrangers et 20 dollars pour les Congolais. En temps normal, ce site attire près de 100 visiteurs étrangers par jour. « La guerre d’agression constitue un manque à gagner énorme pour l’économie de notre pays », indique une source locale. En plus de la perte directe de revenus touristiques, la situation renforce l’instabilité économique dans la région, qui peine déjà à se relever des effets dévastateurs des conflits passés.La situation actuelle met en lumière la fragilité de la biodiversité congolaise et l’urgence d’une intervention internationale pour préserver ces espèces emblématiques. Le parc de Kahuzi-Biega, avec ses 600 000 hectares d’une biodiversité exceptionnelle, représente non seulement un trésor naturel mais aussi un symbole de la lutte pour la conservation en Afrique. Si cette zone stratégique n’est pas protégée, non seulement les gorilles de plaine risquent de disparaître, mais aussi un pan essentiel du patrimoine mondial pourrait être irrémédiablement perdu.Les gorilles de plaine, un symbole vivant de la richesse naturelle de la RDC, se trouvent aujourd’hui dans une situation précaire, et l’urgence est à la mobilisation, tant au niveau local qu’international, pour stopper cette tragédie environnementale avant qu’il ne soit trop tard.
Par kilalopress