Pétrole en RDC : la société civile dit non, l’État fait la sourde oreille mais jusqu’à quand ?

Alors que la République démocratique du Congo prétend dialoguer, elle joue une dangereuse partie de poker écologique. Face aux 52 nouveaux blocs pétroliers, la coalition « Notre Terre Sans Pétrole » sonne l’alarme. Plus qu’un plaidoyer : un cri d’alerte pour sauver les poumons verts du Congo et exiger un changement de cap immédiat. Un appel à la société civile pour court-circuiter les arrangements politiques et défendre ce qui nous reste de vivant.

Lors d’un point de presse tenu le lundi 9 juin à Kinshasa, les représentants de la campagne Notre Terre Sans Pétrole (NTSP) ont déclaré avoir été reçus par le ministère de l’Environnement, celui des Hydrocarbures, ainsi que par la Commission Environnement de l’Assemblée nationale. Cette mission, conduite du 2 au 9 juin 2025, avait pour but d’alerter sur les risques graves liés aux projets pétroliers dans les zones sensibles de la cuvette centrale.

Selon eux, si les autorités congolaises ont montré une certaine ouverture au dialogue, cela ne saurait masquer la gravité des enjeux ni affaiblir la détermination du mouvement. NTSP a donc réaffirmé, avec force, son opposition ferme à toute forme d’exploration pétrolière, et ce, malgré l’annulation en octobre 2024 de l’appel d’offres initial portant sur 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers. La RDC semble prête à relancer la machine extractive à une échelle encore plus agressive. Ce ne sont plus 30 mais 52 blocs pétroliers qui sont dans la ligne de mire des autorités. Et pas n’importe où. Selon la coalition, ces blocs couvrent des zones d’importance écologique majeure : les parcs nationaux de Virunga, de Salonga, d’Upemba ; les tourbières du bassin du Congo ; plusieurs lacs (Édouard, Kivu, Tanganyika, Albert) ; et le couloir vert reliant Kivu à Kinshasa.

Ces territoires ne sont pas vides. Ils sont peuplés, vivants, et irremplaçables. Ils hébergent une biodiversité unique, des espèces menacées, et surtout, des communautés autochtones, notamment les peuples pygmées, pour qui la forêt n’est pas un décor, mais une maison.

Selon NTSP, si les rencontres avec les institutions témoignent d’un climat d’échange, elles ne peuvent masquer l’absence de décisions concrètes. Pire, l’annonce de nouveaux blocs laisse entendre que le cap est déjà fixé, sans attendre les résultats d’un débat national ni les retours des études d’impact environnemental. Le gouvernement affiche une posture d’écoute mais avance ses pions dans l’ombre. C’est cette hypocrisie systémique qu’il faut mettre à nu. Car l’enjeu n’est pas seulement technique : il est politique, éthique, civilisationnel.

NTSP refuse l’équation « développement = pétrole ». Selon eux, l’avenir de la RDC passe par :

  • un modèle sobre en carbone, centré sur les énergies renouvelables comme le solaire et l’hydroélectricité ;
  • la souveraineté alimentaire à travers l’agroécologie et la pêche durable ;
  • l’essor de l’écotourisme et la conservation ;
  • la valorisation des minerais stratégiques, essentiels à la transition énergétique mondiale.

Un tel modèle n’est pas une utopie militante, mais une réponse concrète à la crise écologique planétaire. Il est aussi une stratégie de souveraineté, bien plus stable et pérenne que la dépendance aux hydrocarbures. Le pétrole n’est pas l’avenir de la RDC. C’est sa menace.

Il ne suffit plus d’informer. Il faut mobiliser. Il faut mettre la pression, provoquer une réaction, court-circuiter les inerties institutionnelles. Le silence du gouvernement ne peut plus être interprété comme de la prudence, mais comme une fuite en avant. Chaque citoyen, chaque collectif, chaque commune peut participer à inverser la tendance. Boycotter les projets pétroliers. Exiger des comptes. Se former, sensibiliser, interpeller les bailleurs et les entreprises complices de cette destruction programmée.

Selon NTSP, « l’avenir du pays ne réside pas dans le pétrole, mais dans un développement respectueux de notre patrimoine naturel ». Un développement juste, inclusif et fondé sur la vie, pas sur l’exploitation. selon certains acteurs present ; ce plaidoyer doit devenir un front citoyen. Un bouclier contre le sabotage écologique déguisé en projet national. Le Congo ne doit pas être le dernier domino de l’Afrique à tomber dans le piège des énergies fossiles. Il peut, au contraire, être un modèle de rupture.

Par kilalopress

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