Beni – Le Parc national des Virunga (PNVi), joyau de la biodiversité africaine et fierté du patrimoine mondial de l’UNESCO, souffle cette année ses 100 bougies. Une occasion mémorable, marquée à Goma par une cérémonie officielle présidée par le Gouverneur militaire du Nord-Kivu, le Général major Kakule Somo Evariste.
Ce centenaire est bien plus qu’un anniversaire : il incarne un siècle de résilience, de richesses naturelles et de luttes pour la préservation d’un écosystème unique au monde. Pourtant, derrière les célébrations, le ton du Gouverneur a rappelé une réalité alarmante. Le parc reste sous la menace constante de groupes armés, dont les ADF, ainsi que d’acteurs étrangers qui compromettent à la fois la sécurité des éco-gardes, la stabilité des communautés riveraines et l’intégrité des écosystèmes. Ces groupes s’en prennent directement aux espèces emblématiques comme les hippopotames, détruisent les zones humides autour du lac Édouard, et alimentent les tensions foncières déjà explosives à certains endroits comme Mayangose.
“Des armées étrangères jalouses de notre potentiel touristique se livrent au pillage et à la destruction. Je lance un appel pour des mécanismes internationaux nouveaux, plus adaptés, afin de rendre ce sanctuaire inviolable”, a déclaré le Gouverneur, avec une gravité qui résonne dans toute la région.Le parc des Virunga, créé en 1925, est l’un des plus anciens d’Afrique. Il abrite une biodiversité exceptionnelle, dont un tiers de la population mondiale de gorilles de montagne, plus de 700 espèces d’oiseaux et une myriade d’écosystèmes allant des savanes aux forêts tropicales humides, en passant par les glaciers du Rwenzori.
Malgré les conflits et l’insécurité, les efforts de conservation ont porté leurs fruits : grâce à l’engagement des éco-gardes et des ONG, certaines espèces en danger critique d’extinction montrent des signes de reprise. Le parc génère également des bénéfices socio-économiques pour les communautés locales à travers l’écotourisme, la recherche scientifique et l’emploi.Selon les estimations de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), le parc pourrait générer jusqu’à 40 millions de dollars par an en revenus touristiques, si les conditions de sécurité et de gouvernance étaient réunies. Aujourd’hui, ce potentiel est largement sous-exploité à cause des conflits armés, du braconnage, de la déforestation illégale et des activités minières artisanales dans la zone.Ce centenaire doit être un catalyseur pour un renouveau des politiques de conservation. Il est impératif de renforcer :
Les infrastructures écotouristiques durables, afin de stimuler les retombées économiques locales tout en respectant les normes environnementales. La sécurité dans et autour du parc, avec l’appui de mécanismes internationaux adaptés à la complexité des menaces locales ; La participation communautaire à la gestion du parc, notamment à travers des modèles de conservation inclusive ; La lutte contre les pressions foncières grâce à un dialogue ouvert et des compensations équitables pour les communautés affectées ;Le centenaire du Parc national des Virunga n’est pas qu’un moment de commémoration. C’est une opportunité historique de faire le point, de récompenser les sacrifices des éco-gardes tombés en service, et de tracer la voie vers une nouvelle ère de gestion écologique et inclusive.
La RDC possède l’un des plus grands trésors naturels de la planète. Préserver les Virunga, c’est préserver le climat mondial, la vie sauvage, les ressources hydriques, mais aussi la dignité d’un peuple qui mérite de récolter les fruits de son patrimoine naturel. Alors que le monde se tourne de plus en plus vers la nature comme solution aux crises climatiques et sanitaires, il est temps que la communauté internationale soutienne la RDC avec des moyens à la hauteur des enjeux. Car le Virunga n’est pas qu’un parc. Il est un symbole. Et les symboles, ça se protège.
Par kilalopress