Dans l’est de la République démocratique du Congo, une jeune organisation communautaire, Visio Collective pour le changement Intégral (VCCI), mobilise la population de la chefferie de Mokambo pour reboiser les rives du lac Albert. Derrière l’initiative, un combat exemplaire : celui de citoyens qui refusent de céder au fatalisme écologique.
Dans la province de l’Ituri, territoire de Mahagi, où la sécheresse frappe sans relâche et les arbres disparaissent au rythme du réchauffement climatique, une réponse citoyenne germe et prend racine. Le nom de cette initiative : VCCI. Créée en novembre 2023, cette organisation porte un projet aussi ambitieux que nécessaire : reboiser la région Albertine et mobiliser les consciences.
Le lac Albert, autrefois ceinturé d’une couverture forestière dense, voit aujourd’hui ses abords devenir arides. Les saisons des pluies sont désormais erratiques, les sols s’appauvrissent, et les écosystèmes locaux sont menacés. C’est dans ce contexte alarmant que David Onenshan, directeur exécutif de la VCCI, et son équipe ont décidé d’agir.
Leur arme ? La mobilisation communautaire et la distribution gratuite de jeunes arbres issus d’une pépinière locale. L’objectif : planter jusqu’à deux millions d’arbres à moyen terme. Un chiffre audacieux, mais motivé par une volonté farouche de restaurer l’équilibre écologique et d’assurer la résilience locale face aux bouleversements climatiques.
Ce qui rend cette initiative exemplaire, ce n’est pas seulement le volume des arbres produits — 25 599 jeunes pousses déjà prêtes à être plantées — mais la méthodologie adoptée :
Ciblage précis des zones à reboiser autour du lac Albert,
Sensibilisation des communautés locales,
Implication des personnes morales (églises, écoles, centres de santé),
Et surtout, recrutement volontaire de citoyens engagés, main dans la main avec la VCCI.
« Beaucoup ont accepté, avec deux bras, qu’on prenne les mains ensemble », souligne David Onenshan, illustrant un véritable mouvement de co-responsabilité environnementale.
Au-delà de la plantation d’arbres, le travail de la VCCI pose une question essentielle : où sont les politiques publiques locales et nationales dans la lutte contre la déforestation et le changement climatique ? En devenant un acteur de terrain incontournable, la VCCI offre une base concrète pour des politiques de reboisement participatif.
Ce projet communautaire devrait interpeller les autorités :
Pourquoi ne pas intégrer les organisations comme la VCCI dans les plans régionaux de gestion forestière ?
Pourquoi ne pas allouer un financement structurel à ces initiatives locales qui prouvent leur efficacité ?
Pourquoi ne pas adopter une loi de soutien au reboisement communautaire ?
Ce que la VCCI démontre, c’est que même dans des zones fragilisées par la pauvreté, les conflits et l’instabilité climatique, la société civile peut prendre en main son destin écologique. Ce modèle pourrait inspirer d’autres communautés riveraines du Nil, du lac Victoria ou du lac Tanganyika, confrontées à des dynamiques similaires. Le courage et l’ingéniosité de la VCCI sont la preuve que l’action climatique ne se décrète pas uniquement dans les COP, elle se plante, se cultive et se partage, village après village. Mahagi ne se résigne pas. Elle plante.