Lubumbashi, République Démocratique du Congo — En réponse aux préoccupations croissantes concernant la contamination des sols par les métaux lourds dans la ville minière de Lubumbashi, une nouvelle recherche se penche sur l’efficacité des amendements organo-calcaires pour réduire la transférabilité des éléments traces métalliques (ETM) des sols vers les légumes. Cette démarche vise à répondre aux graves enjeux de santé publique engendrés par l’activité minière intense dans cette région.
Lubumbashi, située dans le célèbre cinturón de cuivre de Katanga, est particulièrement touchée par la pollution due aux traitements miniers et à l’intensification des activités des entreprises extractives. Les métaux lourds tels que le cuivre, le cobalt, l’arsenic et le cadmium se retrouvent dans des concentrations alarmantes dans les sols agricoles et résidentiels, dépassant largement les seuils recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les analyses révèlent des niveaux de cuivre allant de 13,1 à 39,3 mg/kg et de cobalt de 0,33 à 2,94 mg/kg dans les légumes commercialisés à Lubumbashi, alors que les seuils de toxicité pour ces métaux sont respectivement de 10 et 1 mg/kg de matière sèche des légumes. Face à cette situation critique, des chercheurs se sont penchés sur l’application d’amendements organiques et calcaires pour diminuer le transfert de ces métaux des sols vers les plantes. Les amendements testés incluent du compost à base d’herbes aquatiques (Eichhornia crassipes), des fientes de volaille, et de la chaux agricole. Les résultats préliminaires montrent une diminution significative des concentrations de cuivre dans les parties aériennes des plantes, passant de 76,3 à 25,2 mg/kg après traitement.
Le projet a ciblé trois types de sols de jardins urbains classés selon le niveau de contamination en cuivre : élevé, moyen et faible. Il en ressort que les sols fortement et modérément contaminés ne permettent pas une production de légumes de qualité pour la consommation humaine. En revanche, les sols avec de faibles niveaux de contamination montrent que les amendements organo-calcaires peuvent réduire le transfert de métaux et produire des légumes conformes aux limites de sécurité alimentaire. La consommation quotidienne de cobalt dans ces sols faiblement contaminés varie de 0,029 à 0,465 mg/60 kg/jour, ce qui reste en deçà des limites établies par la FAO/OMS pour les autres métaux (Cu, Cd, Pb).
Cette recherche met en lumière l’importance d’adapter les techniques de remédiation des sols en fonction du niveau de contamination. Les résultats montrent que les amendements organo-calcaires sont efficaces uniquement dans les sols à faible contamination. Pour les sols avec des niveaux de contamination plus élevés, d’autres types d’amendements et de techniques de culture, telles que l’hydroponie et la bioponie, devront être explorés.
L’effort de remédiation des sols contaminés est crucial non seulement pour la santé publique, mais aussi pour la durabilité de l’agriculture urbaine à Lubumbashi. En fournissant des solutions pratiques et efficaces, cette étude contribue à protéger les communautés locales des risques sanitaires associés aux métaux lourds et ouvre la voie à des pratiques agricoles plus sûres et plus durables. Alors que Lubumbashi continue de faire face aux défis posés par la pollution minière, l’application des amendements organo-calcaires représente une lueur d’espoir pour améliorer la qualité des sols et des produits agricoles. Les résultats actuels invitent à une évaluation continue et à l’innovation dans les méthodes de traitement des sols afin de garantir la sécurité alimentaire et la santé des habitants de cette région riche en ressources minérales.
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