Kinshasa : Ngomba Kikusa, un quartier ravagé par les érosions appelle au secours

Kinshasa, RDC – Les pluies diluviennes qui se sont récemment abattues sur la capitale congolaise ont, une fois de plus, mis à nu l’extrême fragilité de certains quartiers, en particulier ceux en proie à une urbanisation non maîtrisée.

À Ngomba Kikusa, dans la commune de Ngaliema, les conséquences sont dramatiques. Ce quartier, voisin de l’Université Pédagogique Nationale (UPN), vit aujourd’hui au rythme des érosions qui dévorent chaque jour un peu plus de terrain, emportant habitations, routes et parfois même des vies humaines. Ce qui fut autrefois un quartier vivant et densément peuplé prend désormais des allures de champ de ruines. Les avenues Kimayala, Droits de l’Homme et Kinsaka, autrefois praticables, sont aujourd’hui méconnaissables. À certains endroits, la route s’interrompt brusquement, remplacée par des ravins profonds de 10 à 20 mètres qui s’enfoncent dans une vallée atteignant près de 200 mètres de profondeur. Des dizaines de familles vivent littéralement au bord de ces précipices, dans des maisons fissurées ou à moitié effondrées, sans autre solution de repli.

Les témoignages recueillis sur place sont bouleversants. « Une dame est morte. L’eau a tout emporté. Nos parcelles ont disparu », confie un habitant, la voix tremblante. Les sinistrés dénoncent un abandon total de la part des autorités. Le 10 avril, ils ont lancé un appel solennel au gouvernement, espérant enfin être entendus. Mais à ce jour, aucune mesure concrète n’a été prise pour soulager leur calvaire. Les plus démunis, qui constituent la majorité de la population locale, n’ont tout simplement pas les moyens de fuir ces zones devenues inhabitables. Chaque jour, ils tentent de sauver ce qu’il reste de leur lopin de terre, armés de pelles, de sacs de sable et d’une détermination désespérée.

Si les pluies sont l’élément déclencheur, la catastrophe trouve ses racines dans une problématique bien plus profonde : le manque criant d’aménagement urbain et d’infrastructures de drainage. Dans un contexte d’urbanisation galopante et souvent anarchique, les eaux de ruissellement n’ont nulle part où aller. Les ravins s’élargissent, les maisons s’effondrent, et les autorités regardent ailleurs. Les experts sont formels : sans un système de canalisations efficace pour évacuer les eaux de pluie, Kinshasa continuera à s’enfoncer, au sens propre comme au figuré. Ce qui se passe à Ngomba Kikusa n’est pas un cas isolé mais le symptôme d’un mal qui ronge la capitale dans son ensemble.

L’urgence est désormais humanitaire autant qu’environnementale. Il ne s’agit plus seulement de sauver des habitations, mais des vies humaines. Il est temps que les pouvoirs publics assument leurs responsabilités. Des solutions existent : construction de caniveaux, renforcement des sols, relogement des populations exposées, et surtout, une véritable planification urbaine à long terme. Kinshasa, mégalopole en pleine expansion, ne peut plus se permettre de laisser ses habitants mourir dans l’indifférence. Ce drame, s’il reste sans réponse, deviendra un scandale d’État. Il appartient désormais aux décideurs d’agir avant que les prochaines pluies n’ensevelissent ce qui reste encore debout.Un cri d’alarme à ne pas ignorer. Ngomba Kikusa est aujourd’hui le miroir de nombreuses autres zones à haut risque de la capitale. Ce n’est plus seulement un problème local, c’est une alerte pour tout Kinshasa.

Par kilalopress

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

mkaaji_mupya
gnwp
palmadoc
ACEDH
%d blogueurs aiment cette page :