Kinshasa : lancement de l’initiative « Assainir Kinshasa » un cap decisif pour une transformation durable

Kinshasa, 9 avril 2025. Un vent d’espoir souffle sur la capitale congolaise. Dans Salle Kimbuta de Hôtel de Ville de Kinshasa pleine à craquer, avec plus au moins 400 participants venus du secteur public, privé, de la société civile et d’organisations internationales, un cadre inédit de dialogue de haut niveau a été lancé. Son objectif ? Mutualiser les initiatives et les ressources autour de l’assainissement de la ville de Kinshasa.

Le « Dialogue entre décideurs » est une activité qui s’inscrit de l’initiative « assainir kinshasa » dans une dynamique présidentielle visant à faire de l’assainissement un levier de croissance économique et de création d’emplois durables. En effet, le Président Félix Tshisekedi a fait de ce chantier un pilier stratégique du développement urbain. Ce cadre structurant est porté avec détermination par le gouverneur de la ville, Daniel Bumba, pour qui l’assainissement est la seconde priorité après la sécurité. Il a sollicité un accompagnement global pour répondre durablement à la gestion des déchets et à la salubrité urbaine. En réponse à cet appel, l’ambassade du Royaume des Pays-Bas ainsi que le UN Global Compact RDC ont apporté un soutien appuyé à cette initiative.

Le gouverneur Bumba a exprimé sa gratitude envers tous les partenaires engagés, soulignant que plus de 4 millions de tonnes de déchets sont produits chaque année à Kinshasa… dont moins de 5 % sont correctement collectés. Ce constat alarmant, qui alimente inondations, maladies et dégradation de la qualité de vie, viole un droit fondamental inscrit à l’article 54 de la Constitution : le droit à un environnement sain.ace à cette urgence, l’initiative « Assainir Kinshasa » a été présentée comme une réponse systémique. Elle s’intègre dans le Programme d’Action 2024–2028 du gouvernement provincial et repose sur trois piliers fondamentaux :

  • Une gouvernance renforcée et inclusive, avec un cadre légal révisé.
  • Un modèle économique viable basé sur la valorisation des déchets et les partenariats public-privé.
  • Un engagement citoyen fort, grâce à la professionnalisation du secteur, la création d’une académie de l’assainissement et le développement de filières économiques durables.

« Kinshasa peut devenir la vitrine d’une transformation écologique ambitieuse et inclusive », a déclaré le gouverneur.Décrivant l’état environnemental de la capitale comme un enjeu collectif, le ministre a insisté sur la nécessité d’un réveil citoyen. « Assainir Kinshasa n’est pas un simple projet, c’est un cri de cœur, un appel à la responsabilité », a-t-il affirmé. Pour lui, il est temps de rompre avec l’indifférence et de transformer la ville en un modèle africain de résilience urbaine.

L’initiative, soutenue par le gouvernement provincial et plusieurs partenaires techniques et financiers, ambitionne de faire de l’assainissement un moteur d’emploi, d’innovation et de croissance économique locale. Au cœur du dispositif : la création d’une politique publique d’assainissement, une première dans l’histoire de la ville, ainsi que 25 actions structurantes prévues d’ici septembre, en prélude à une conférence internationale sur l’assainissement des villes.

Saluant le leadership du Président Félix Tshisekedi et de l’exécutif provincial, le ministre a lancé un appel fort à l’engagement de tous les acteurs : secteur privé, universités, société civile et citoyens. « L’avenir de Kinshasa ne se construira pas dans les discours, mais dans chaque rivière nettoyée, chaque décharge évitée », a-t-il martelé.

Enfin, réaffirmant le rôle de son ministère comme facilitateur du changement, il a conclu : « Assainir Kinshasa, c’est possible. C’est maintenant. Et c’est ensemble. » Christian Kamanzi Muhindo, président du conseil d’administration du Global Compact RDC, a exprimé sa solidarité envers les familles frappées par les récentes inondations. Ces épisodes récurrents, a-t-il souligné, illustrent l’urgence d’un changement structurel en matière d’assainissement, de drainage et de gestion des déchets.

Chaque année, près de 4 millions de tonnes de déchets sont produites à Kinshasa, avec des conséquences graves : inondations, maladies hydriques, insalubrité, fragilisation des infrastructures et tensions sociales. Pour le Global Compact, ces défis doivent désormais être abordés non plus en réaction, mais dans une logique de transformation.

L’initiative lancée aujourd’hui s’inscrit dans une volonté claire de faire de l’assainissement un levier de croissance verte, de cohésion sociale et de création d’emplois durables, tout en respectant l’article 7a.3 de la Constitution qui garantit le droit à un environnement sain.Christian Kamanzi a décliné les quatre objectifs prioritaires de cette démarche :

  1. Optimiser l’organisation et l’efficacité de la gestion des déchets urbains,
  2. Promouvoir des modèles de valorisation circulaire,
  3. Renforcer la gouvernance, la transparence et la traçabilité,
  4. Instaurer une culture citoyenne des responsabilités écologiques.

Ce projet, a-t-il rappelé, n’est pas une solution miracle, mais le premier pas vers une transformation profonde, qui ne pourra réussir sans une mobilisation collective et une synergie entre tous les acteurs. Dans cette dynamique, Kinshasa peut devenir un modèle africain de résilience urbaine et de transition écologique, a-t-il conclu avec espoir.Madame Jennifer Imperator Représentant l’ambassadrice des Pays-Bas, Madame Angèle Samoura, a dans son mot saluer le lancement de l’initiative « Assainir Kinshasa », tout en exprimant la solidarité du Royaume envers les victimes des inondations survenues dans la nuit du 4 au 5 avril. Ce drame, a-t-elle rappelé, souligne l’urgence de renforcer les systèmes d’assainissement pour éviter d’autres tragédies à l’avenir.

Selon elle, « Assainir Kinshasa » ne se limite pas à la gestion des déchets : c’est un engagement profond pour l’avenir, une réponse concrète aux défis environnementaux, sanitaires et sociaux de la capitale. Elle a insisté sur le rôle essentiel que doivent jouer les autorités locales, les entreprises, la société civile et la population, appelées à unir leurs forces dans cette transformation collective.

Elle a salué le leadership du gouverneur dans la mise en œuvre de solutions concrètes, et rappelé que le Royaume des Pays-Bas apportera son expertise, notamment en matière de valorisation des déchets. Elle a souligné que ce projet repose sur une coopération public-privé étroite, capable de générer des solutions durables, innovantes et économiquement viables.

En perspective, elle a annoncé la tenue en septembre prochain d’une conférence internationale sur la gestion des déchets à Kinshasa, cofinancée par les Pays-Bas, avec pour objectif de bâtir une politique d’assainissement durable et de présenter des modèles concrets d’actions.

Elle a dans sa conclusion lancé un appel clair aux partenaires présents : « Soyez les moteurs du changement. Nous comptons sur vous pour faire de Kinshasa une référence continentale en matière d’assainissement urbain. » Prenant la parole, le Gouverneur de la ville de Kinshasa, Daniel Bumba, a exprimé la gratitude de l’exécutif provincial envers l’ensemble des partenaires engagés pour la salubrité de la capitale, saluant notamment l’ambassade des Pays-Bas, le réseau UN Global Compact RDC et les experts mobilisés dans cette dynamique.

Le Gouverneur a dressé un constat alarmant : plus de 4 millions de tonnes de déchets sont produits chaque année à Kinshasa, dont moins de 5 % sont correctement collectés. Cette situation, selon lui, est à l’origine directe des inondations récurrentes, de la pollution de l’air, de la propagation des maladies et d’une dégradation généralisée du cadre de vie urbain. Il a souligné que cela remet en cause un droit fondamental inscrit à l’article 54 de la Constitution : le droit à un environnement sain.

Face à cette urgence, Daniel Bumba a présenté l’initiative « Assainir Kinshasa » comme une réponse systémique, intégrée dans le Programme d’Action 2024–2028 du gouvernement provincial, et alignée sur les priorités présidentielles. Cette stratégie repose sur trois piliers fondamentaux :

  1. Une gouvernance renforcée et inclusive, appuyée par un cadre légal révisé et une coordination efficace entre tous les acteurs.
  2. Un modèle économique viable, misant sur la valorisation des déchets, les partenariats public-privé, les financements innovants et la création d’emplois verts.
  3. Un engagement citoyen fort, à travers une professionnalisation du secteur (certification des éboueurs, création d’une académie de l’assainissement) et le développement de filières de transformation des déchets en énergie, pavés, compost et opportunités économiques.

Avec « Assainir Kinshasa », le gouverneur ambitionne de transformer la capitale congolaise en modèle africain de résilience urbaine, articulé autour de l’ODD 11 sur les villes durables. « Kinshasa peut devenir la vitrine d’une transformation écologique ambitieuse et inclusive », a-t-il conclu.Quatre experts sont intervenus pour structurer ce dialogue autour d’un diagnostic clair, une stratégie, une feuille de route, et des solutions d’urgence. Le premier expert, a dressé un état des lieux accablant en faisant la photographie: l’expert Floribert NYAMOGA a livré un état des lieux aussi clair qu’alarmant sur la gestion des déchets dans la capitale congolaise. S’appuyant sur deux études de terrain récentes (décembre 2023 et novembre-décembre 2024), il a révélé que Kinshasa produit en moyenne 15 450 tonnes de déchets ménagers et assimilés par jour, soit 1,03 kg par personne. À cela s’ajoutent 154 kg de déchets biomédicaux ou industriels par établissement et 6 750 tonnes quotidiennes de boues et eaux usées.

Cette masse colossale est gérée dans des conditions quasi inexistantes. La ville ne dispose que d’un centre d’enfouissement technique de 250 tonnes, sans aucune station de tri ni infrastructure de traitement des eaux usées. Autre fait marquant : 83 % des déchets sont collectés par des opérateurs informels, qui les déposent souvent dans la nature, faute de solutions en aval. Les métaux ont presque disparu des déchets grâce à une filière de recyclage performante, mais 23 % des ordures sont composées de sable, preuve du manque de tri à la source.

La gouvernance, elle aussi, est en cause : coordination institutionnelle défaillante, cadre réglementaire faible, centralisation excessive, et opacité totale sur les flux financiers et physiques des déchets. La communication, principalement menée par des acteurs privés et informels, manque de cohérence, tandis que les écoles ne relaient que 4 % des messages liés à l’assainissement.

Floribert a plaidé pour une réforme en profondeur : structuration du secteur, infrastructures adaptées, financement durable, encadrement du secteur informel, et promotion de l’économie circulaire. « Là où certains sentent la pourriture, d’autres devraient sentir une opportunité », a-t-il conclu. 

Le second, Alain Fournier, a détaillé le cadre stratégique, tandis qu’un troisième expert a présenté une feuille de route opérationnelle.le troisième expert a quant a elle partager une feuille de route Et enfinJunior Tchiteya, DG de CES Expertise, a présenté une approche pragmatique, structurée et à fort potentiel économique pour sortir Kinshasa de la crise des déchets. Selon lui, 80 % des déchets de la capitale peuvent être valorisés en s’appuyant sur des données simples : 34 % sont organiques, 25 % plastiques, 23 % sable. Trois axes d’intervention à court terme :

  1. Renforcement de la gouvernance locale :
    En formant les bourgoumestres, chefs de quartiers et d’avenue à la responsabilité territoriale, un système de gouvernance des déchets peut émerger d’ici deux mois.
  2. Professionnalisation de la collecte :
    Aujourd’hui, 83 % des éboueurs sont informels. Il propose leur certification, géolocalisation et leur intégration dans des coopératives professionnelles, soutenues notamment par le groupe MECO. Des partenariats public-privé de proximité sont également envisagés pour gérer efficacement la collecte au niveau des avenues et quartiers.
  3. Digitalisation du financement :
    À Kinshasa, 25 millions $ circulent chaque mois dans le secteur des déchets, de manière informelle. En traçant les paiements (ménages, marchés, producteurs), un système digital permettra de constituer un Fonds d’Assainissement (FONAC). Ce mécanisme permettrait à la ville de capter entre 5 et 7 millions $ par mois pour investir dans la transformation des déchets.

Un potentiel économique majeur : Kinshasa dispose déjà d’usines de valorisation. Le modèle présenté par CES Expertise mise sur :

  • Le charbon vert et les crédits carbone, générant jusqu’à 250 millions $/an,
  • La transformation du plastique en pavés ou produits recyclés,
  • La production d’électricité à partir de déchets non valorisables.

L’idée est d’implanter des centres de traitement de proximité dans chaque commune, via un plan local d’assainissement, pour réduire les coûts logistiques et accroître l’efficacité.Pour Tchiteya, le succès dépendra de l’implication de toutes les parties prenantes. Il prône une approche double : sensibilisation et sanctions, accompagnée d’un schéma de gouvernance claire où chaque acteur saura vers qui se tourner selon ses compétences (ministères, FONAC, autorités locales). Il conclut avec optimisme :

« Si chacun joue son rôle, 80 % du problème des déchets solides peut être réglé en trois mois. Ensuite, nous pourrons mobiliser les capitaux pour s’attaquer aux déchets liquides, aux eaux usées et aux déchets dangereux. »Clôturant le cadre de dialogue stratégique sur l’initiative « Assainir Kinshasa », Junior Tchiteya, directeur général de CES Expertise, cabinet-conseil en durabilité accompagnant la ville dans cette réflexion, a insisté sur un message central : « La ville ne peut pas tout faire seule ». Pour lui, la solution à la crise d’assainissement de Kinshasa repose sur une synergie entre tous les acteurs publics et privés, du citoyen aux institutions. Il a salué la volonté politique affirmée du gouverneur Daniel Bumba, soulignant que cette initiative crée enfin un cadre permanent de concertation, indispensable pour fédérer les municipalités, les communes et les autres parties prenantes autour d’une vision commune et structurée. Selon Tchiteya, le projet repose sur cinq piliers stratégiques :

  1. La municipalisation de la gestion des déchets,
  2. La professionnalisation des acteurs de terrain,
  3. La mobilisation de financements innovants,
  4. La digitalisation et la gestion performante des flux,
  5. La valorisation des déchets et l’engagement citoyen (sanctions, sensibilisation, etc.).

Face aux critiques sur la temporalité de la mobilisation, Tchiteya a rappelé que CES Expertise n’est intervenue qu’à la demande du gouverneur, par l’intermédiaire de l’ambassade des Pays-Bas dès septembre dernier, dans le cadre du Clean Up Day« Ce problème a 45 ans. Le gouverneur veut l’attaquer autrement, de manière innovante. » Optimiste, il estime que si tous les acteurs s’impliquent, 80 % des problèmes d’assainissement pourraiet être réglés en trois mois. Une ambition qu’il juge réaliste, pour autant que chacun assume sa part de responsabilité. Disons pour terminer que Ce dialogue inédit s’est conclu sur une note d’optimisme et de mobilisation. Le défi est immense, mais les ambitions le sont tout autant. Avec l’initiative « Assainir Kinshasa », la capitale congolaise trace la voie vers un modèle africain de résilience urbaine et de transition écologique.

Le rendez-vous est donné en septembre pour une conférence internationale déterminante. En attendant, le chantier est lancé. Kinshasa se met en marche. Ensemble.

Par Franck zongwe lukama

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