Kinshasa, 30 octobre 2025 — Sous un ciel chargé mais porteur d’espoir, la cinquième édition du Forum des jeunes sur le climat (FOJEC5) a ouvert ses portes ce mercredi à Kinshasa. L’événement, organisé par la Dynamique des jeunes pour l’environnement et le développement durable (Dyjedd), a réuni dans la salle Garamba des centaines de jeunes, étudiants, activistes, entrepreneurs et experts venus débattre du rôle de la jeunesse dans la nouvelle économie du climat.
Durant quatre jours, du 30 octobre au 2 novembre, la capitale congolaise devient le carrefour de réflexion d’une génération décidée à ne plus subir les effets du changement climatique, mais à en faire une opportunité de transformation durable.
« Nous voulons que cette édition aide les jeunes à comprendre comment leurs actions peuvent s’imbriquer dans les politiques climatiques, la biodiversité et l’entrepreneuriat vert », a déclaré Samy Ilunga, coordonnateur du FOJEC5, lors de son discours d’ouverture. Il a expliqué que le forum se structure autour de panels thématiques, d’expositions de startups écologiques et d’activités culturelles destinées à valoriser les initiatives vertes déjà existantes dans le pays. « Demain, les jeunes présenteront leurs projets : briquettes écologiques, foyers améliorés, pavés issus du plastique recyclé. Ce sera une vitrine du génie congolais au service du climat », a-t-il ajouté.
L’entrepreneuriat vert, encore méconnu du grand public, désigne les activités économiques respectueuses de l’environnement, créatrices d’emplois et réduisant les émissions de gaz à effet de serre. En République démocratique du Congo, où plus de 61 % de la population a moins de 25 ans, cette approche apparaît comme une voie incontournable vers un développement durable. Mais au-delà de l’enthousiasme, Samy Ilunga reconnaît les limites actuelles. « Nous militons pour que les jeunes soient réellement représentés dans les espaces de discussion comme les COP. Trop souvent, les décisions sont prises sans eux », déplore-t-il. Il regrette notamment le faible nombre de jeunes accrédités pour participer à la COP30, prévue à Belém, au Brésil, en décembre prochain. « Ce n’est pas normal que ceux qui portent l’avenir climatique soient exclus des débats internationaux », insiste-t-il. Le FOJEC5 entend donc servir de tremplin pour préparer une délégation congolaise jeune et engagée, capable de porter un message fort à la prochaine conférence mondiale sur le climat.
Parmi les invités d’honneur, Guy Kajemba, président de la Société civile environnementale de Kinshasa et coordonnateur du Groupe de travail climat REDD+, a salué l’initiative des jeunes. « C’est une activité importante. Nous devons les accompagner, les appuyer, car la jeunesse est la flèche de tous les combats sur le changement climatique », a-t-il déclaré au micro de Kilalopress. Pour lui, la prise de conscience est la première étape. « Les jeunes doivent comprendre que dans dix ans, ils seront les premières victimes de ce fléau. Si on n’agit pas aujourd’hui, il sera trop tard », avertit-il, avant d’insister sur la nécessité d’une éducation civique et environnementale. Selon lui, « si les jeunes se mettaient ensemble, ils pourraient transformer la conscience collective ».
Le FOJEC5 se tient dans un contexte où la RDC cherche à concilier ses immenses richesses naturelles — plus de 170 millions d’hectares de forêts — avec une économie encore fortement dépendante de l’exploitation minière et des énergies fossiles. Les participants ont unanimement rappelé que la transition énergétique du pays ne peut réussir sans une jeunesse formée, engagée et capable d’innover. L’un des défis majeurs évoqués reste le manque de financement pour les initiatives vertes. Plusieurs intervenants ont plaidé pour la mise en place de fonds nationaux dédiés aux projets climatiques des jeunes, afin de transformer leurs idées en entreprises durables. Alors que les regards se tournent vers la COP30, le FOJEC5 ambitionne de devenir un espace de préparation stratégique pour la jeunesse congolaise. Guy Kajemba en est convaincu : « Cette fois, il faut que la jeunesse fasse bouger les lignes. Nous ne pouvons plus nous contenter des mêmes discours ; il faut des actes concrets. » Pour beaucoup, le message est clair : la transition écologique de la RDC passera par sa jeunesse, ou ne se fera pas.
Rappelons que le Forum des jeunes sur le climat (FOJEC) est une plateforme annuelle de réflexion et d’action initiée par la Dyjedd. Depuis sa création, il vise à renforcer la participation des jeunes aux politiques climatiques et à promouvoir les métiers verts. L’édition 2025, placée sous le thème « Jeunesse, climat, biodiversité et entrepreneuriat vert », réunit plus de 300 participants et s’inscrit dans la vision présidentielle de création de 6,4 millions d’emplois verts à l’horizon 2028.
Par kilalopress
