Kinshasa : Glencore, la Suisse et la “Justice à géométrie variable”, quand la population congolaise reste la grande oubliée

Kinshasa – Selon un mémorandum rédigé par le mouvement Congo n’est pas à vendre à la suite de leur visite en Suisse entre le 23 et le 28 novembre 2024, les autorités suisses semblent prendre des libertés inquiétantes avec les principes de justice internationale.

Ce document, qui résume une rencontre avec des parlementaires, des ONG et des représentants du gouvernement suisse, dévoile une réponse des autorités helvétiques selon laquelle la République Démocratique du Congo (RDC) aurait déjà perçu une indemnité de 180 millions de dollars US de la part de Glencore. Toutefois, cette somme n’a pas été présentée comme une compensation pour les faits de corruption avérés. Plus choquant encore, la Suisse a invoqué ses limitations juridiques internes pour refuser de restituer directement les amendes de 150 millions CHF infligées à Glencore, alors même que ces fonds proviennent des profits illégaux générés par la corruption au détriment du peuple congolais.

À la lumière de cette réponse, Congo n’est pas à vendre, soutenu par des mouvements citoyens et la société civile congolaise, a organisé un sit-in devant l’Ambassade de Suisse à Kinshasa pour réclamer la restitution des fonds à la population congolaise. Car il est grand temps que l’argent obtenu par la Suisse pour des faits de corruption profite réellement aux véritables victimes : les Congolais, qui, eux, n’ont jamais eu leur part du gâteau. La société civile congolaise, représentée par le mouvement Congo n’est pas à vendre, a récemment lancé un appel à la Suisse pour que les fonds issus de l’amende infligée à Glencore soient réorientés en faveur des communautés congolaises touchées par les méfaits de la société minière. Mais, comme on pouvait s’y attendre, les autorités suisses ont préféré fermer les yeux sur cette demande légitime, invoquant des considérations juridiques internes qui, selon elles, ne permettent pas une restitution directe à l’État congolais. La RDC, selon la Suisse, aurait déjà perçu 180 millions de dollars américains (USD) de Glencore, une indemnité qui, d’après les autorités helvétiques, serait suffisante pour compenser les dommages causés par la corruption.

Mais cette justification est tout sauf convaincante. Ces 180 millions USD, présentés comme une indemnité, n’ont en réalité rien à voir avec la corruption avérée, mais semblent davantage être le fruit de transactions commerciales ou de différends contractuels. En d’autres termes, ce montant ne compense pas les énormes préjudices subis par la population congolaise, victime d’un système de corruption à grande échelle entre Glencore et l’oligarque israélien Dan Gertler.

La question fondamentale ici est simple : qui sont les véritables victimes de cette corruption ? Ce ne sont pas les gouvernements successifs qui, souvent corrompus, ont fermé les yeux sur les pratiques douteuses des multinationales. Ce sont les Congolais de base, ceux dont les terres ont été dévastées par l’exploitation minière, ceux qui vivent dans une misère extrême alors que les ressources naturelles de leur pays sont pillées sans scrupules. Les principes de justice internationale sont clairs : les victimes de la corruption doivent être réparées. Or, en maintenant ces fonds en Suisse, loin des yeux et des besoins des Congolais, le gouvernement helvétique refuse de rendre justice. La restitution des amendes à la population congolaise n’est pas un simple acte moral, c’est une obligation selon les normes internationales. La Suisse, en sa qualité d’hôte de Glencore et d’autre part en tant qu’acteur clé dans la lutte contre la corruption, ne peut prétendre être un exemple de vertu tout en permettant aux entreprises de son territoire de s’enrichir sur le dos des populations les plus vulnérables du monde.

Si les bases légales suisses ne permettent pas actuellement de restituer directement ces fonds à la RDC, des solutions innovantes existent. Des précédents internationaux ont démontré que lorsqu’il y a une volonté politique, des ajustements juridiques peuvent être opérés pour garantir une redistribution juste. Par exemple, la création de fonds fiduciaires conjointement gérés entre la Suisse, la RDC, et des organisations internationales pourrait permettre de canaliser cet argent directement vers les projets de développement qui bénéficieraient aux communautés les plus touchées par l’exploitation minière de Glencore. En ce jour certains congolais s’interrogent : Pourquoi la Suisse n’explore-t-elle pas cette piste ? Pourquoi refuse-t-elle de s’engager dans une démarche concrète de réparation ? Peut-être parce que, derrière la façade de la neutralité et de l’éthique, se cache une réalité beaucoup plus cynique : celle d’un pays qui, sans scrupules, profite des fruits de la corruption tout en prétendant défendre les principes de justice et de transparence.

La Suisse, en tant que siège de Glencore, porte une responsabilité morale et politique écrasante vis-à-vis des agissements de cette entreprise. Refuser de restituer les fonds confisqués à la RDC revient à renforcer la perception d’une Confédération qui se sert des actes de corruption pour asseoir son pouvoir économique et financier, tout en laissant les véritables victimes dans l’ombre. En effet, ce n’est pas un hasard si la société civile congolaise a manifesté devant l’Ambassade de Suisse à Kinshasa pour exprimer son désaveu. Le message est clair : la RDC et ses citoyens ne sont pas à vendre. Ils réclament justice, et non pas un nouveau coup de plumeau juridique pour couvrir l’indifférence et l’égoïsme des grandes puissances économiques.

Congo n’est pas à vendre, ainsi que d’autres mouvements citoyens, exigent que la Suisse prenne des mesures immédiates pour clarifier la nature des 180 millions USD et restituer les 150 millions CHF dans le cadre d’un mécanisme de réparation transparente et direct. Ces fonds doivent être affectés à des projets de développement durable dans les régions les plus touchées par les activités de Glencore, afin d’offrir enfin aux populations congolaises un espoir de justice et de réhabilitation. En fin de compte, la question qui se pose à la Suisse est simple : doit-elle continuer à se cacher derrière des principes juridiques obsolètes ou doit-elle enfin faire preuve de responsabilité et de leadership moral en réparant les torts qu’elle a indirectement contribué à alimenter ? Car, tant que cet argent restera hors de portée des Congolais, la Suisse perdra à jamais toute légitimité à prétendre mener la lutte contre la corruption à l’échelle mondiale. Le Congo n’est pas à vendre, et il est grand temps que le monde le comprenne.

Par kilalopress

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