L’histoire commence à 95 kilomètres de Kinshasa, dans le quartier Impuru/Mbakana, au cœur de la commune de Maluku. C’est là, loin des projecteurs et des grandes avenues de la capitale, qu’un projet éducatif hors du commun a vu le jour : Eco-School 1, la première école écologique de la République Démocratique du Congo. Ce n’est pas une simple école ; c’est un espace où l’avenir de la planète se joue chaque jour, une école qui redéfinit ce que signifie « apprendre ».
Derrière ce rêve se cache Léonard Kabeya Mukeba, un homme visionnaire, président de l’ASEAD (Academy of Science and Engineering for Africa Development) et professeur des universités. Passionné par l’éducation et l’écologie, ce dernier a voulu plus qu’une simple école : il a voulu un lieu où les enfants apprendraient à être les protecteurs de la nature. « L’école traditionnelle ne répondait plus aux enjeux de notre époque », explique-t-il avec conviction. « Il fallait enseigner aux enfants les véritables défis de notre monde : la protection de la planète et la lutte contre le réchauffement climatique. »
En 2023, son rêve est devenu réalité. En septembre, Eco-School 1 ouvre ses portes à ses premiers élèves, dans un quartier où les défis sociaux et environnementaux sont nombreux. Un défi que l’école entend relever, un geste à la fois. Dès l’entrée, le ton est donné. Eco-School 1 ne ressemble à aucune autre école traditionnelle. Ses murs ne sont pas seulement faits de briques et de béton, mais sont imprégnés d’une philosophie de vie respectueuse de l’environnement. Ici, tout est pensé pour sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge. Les classes de première, deuxième et troisième primaire sont vivantes, vibrantes, et ancrées dans le réel. Chaque matière est abordée sous l’angle de la protection de la nature.

Les élèves ne se contentent pas d’étudier des notions abstraites ; ils apprennent des concepts concrets qu’ils pourront appliquer dans leur vie quotidienne. « On nous enseigne à respecter la nature et à comprendre ce qu’il se passe dans le monde », témoigne Gracia, une élève de troisième primaire. « Ce n’est pas juste un cours, c’est une mission. Nous plantons des arbres, et chaque arbre porte notre nom. C’est notre façon à nous de faire une différence. »
Mais l’engagement d’Eco-School 1 va bien au-delà des livres et des tableaux. L’école est un véritable terrain d’expérimentation où la nature est au cœur de toutes les activités. Les élèves ne se contentent pas de lire des manuels ; ils participent activement à la plantation d’arbres, un acte symbolique pour lier chaque enfant à un arbre qu’il aura contribué à planter. Plus de 100 arbres ont déjà été mis en terre par les élèves, et chacun porte l’empreinte personnelle d’un enfant. « Plantons des arbres, c’est notre devoir pour la planète », explique Hervé, un autre élève, avec une fierté palpable. Dans la cour de récréation, un autre geste simple mais puissant est encouragé : ne jamais jeter d’ordures par terre. Un principe fondamental qui résonne au quotidien. Les enfants prennent soin de leur école et, à travers ce geste quotidien, deviennent des ambassadeurs d’une nouvelle culture environnementale.
Mais comme tout rêve ambitieux, celui de Eco-School 1 rencontre aussi des obstacles. Les infrastructures, par exemple, sont un défi constant. Bien que l’école soit vaste et offre de nombreuses possibilités, le manque de bancs et de matériel demeure un frein à l’expansion. Joël Banza, enseignant à l’école, explique : « Nous n’avons pas de frais de scolarité, et nous n’avons pas de corruption. Mais il nous manque encore des équipements pour accueillir plus d’élèves. »

Pourtant, ce défi n’entame en rien l’engagement des enseignants et des élèves. Chaque jour, la passion de la communauté éducative se renforce, portée par une volonté collective de faire grandir ce modèle d’éducation qui, petit à petit, prend racine dans la communauté.
L’objectif de Eco-School 1 est clair : offrir une éducation gratuite, pertinente et ancrée dans les réalités environnementales et sociales locales. Ce n’est pas simplement une question de savoirs académiques ; c’est une véritable éducation à la vie, qui prépare les enfants à devenir des citoyens responsables et des acteurs du changement. L’enseignement de Léonard Kabeya Mukeba s’inspire d’une vision audacieuse : « L’éducation doit préparer les enfants à comprendre le monde dans lequel ils vivent, et surtout, à agir. Nous ne pouvons plus enseigner des choses qui ne concernent pas leur quotidien. Les enfants doivent apprendre à protéger leur environnement, à améliorer leur qualité de vie et à proposer des solutions. »
Au cœur de l’Afrique centrale, Eco-School 1 est plus qu’un simple établissement scolaire. Elle incarne une véritable lueur d’espoir dans un monde en crise. Ce projet novateur montre que, même dans des contextes difficiles, il est possible de bâtir des solutions durables, de réinventer l’éducation et d’agir concrètement pour un avenir plus juste et respectueux de l’environnement. En ces temps où les défis écologiques et éducatifs sont de plus en plus pressants, l’histoire d’Eco-School 1 nous invite à repenser notre manière d’éduquer et à imaginer un avenir où la protection de la nature ne serait plus une option, mais un engagement collectif. Ce projet est un modèle de résilience, de créativité et de passion, et pourrait bien inspirer d’autres initiatives à travers l’Afrique et le monde. Eco-School 1, une école qui change les mentalités, un arbre à la fois.
Par Franck zongwe lukama