Au cœur de la province du Kasaï, les zones de santé de Mushenge et Dekese sont actuellement le théâtre d’une crise sanitaire alarmante. Déclarées en épidémie par le gouverneur du Kasaï lors de la semaine 14, ces régions ont enregistré un nombre inquiétant de cas suspects de choléra. Avec un cumul de 155 cas suspects et 35 décès, la létalité atteint un taux alarmant de 22,5%.
Une augmentation vertigineuse de 400,0% des cas a été observée dans la Zone de Mushenge par rapport aux semaines précédentes de l’année 2024. Dans la zone de santé de Dekese, plus précisément dans l’air de santé Bongondo, 51 cas ont été notifiés, dont 4 décès, au cours de la même semaine.
Cette épidémie s’inscrit dans un contexte plus large de prévalence du choléra dans la région. Depuis le début de l’année jusqu’à la semaine 14 de 2024, le cumul des cas de choléra s’élève à 12 578, avec 201 décès, répartis dans 81 zones de santé et touchant 13 des 26 provinces du pays. Avec une létalité de 1,6%, cette maladie continue de représenter un défi majeur pour les autorités sanitaires.
Il est important de souligner que le nombre de cas de choléra signalés à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) reste élevé depuis plusieurs années. En 2022, pas moins de 472 697 cas et 2349 décès ont été signalés dans 44 pays. Toutefois, ces chiffres pourraient être en deçà de la réalité, en raison des lacunes dans les systèmes de surveillance et des réticences à signaler les cas, par crainte des répercussions sur le commerce et le tourisme.
Face à cette situation critique, il est impératif de renforcer les mesures de prévention et de contrôle du choléra dans la province du Kasaï. Cela inclut la mise en place de campagnes de sensibilisation, l’amélioration de l’assainissement de l’eau et des conditions d’hygiène, ainsi que le renforcement des capacités des professionnels de la santé pour une prise en charge efficace des patients.
En cette période de crise sanitaire, la mobilisation de tous les acteurs, des autorités locales à la communauté internationale, est essentielle pour endiguer la propagation du choléra et garantir la santé et le bien-être de la population du Kasaï.
Emmanuel Tshingambu à Tshikapa