Dans les profondeurs du territoire de Watsa, au croisement de la rivière Moto et Arebi, une bataille silencieuse se joue sur le site minier “Deux cents trop tard”. Julien Lumeri, exploitant artisan minier (ACM), se retrouve dépossédé de son droit légitime d’exploitation, piégé dans un engrenage d’arbitraire et de complicité silencieuse des autorités locales.
Depuis 2022, Julien Lumeri a investi temps et ressources pour assurer la continuité de son activité. Mais en septembre 2024, sa réalité bascule : un groupe d’exploitants chinois, installés de l’autre côté de la rivière, s’est tout simplement approprié ses terres, sans sommation ni explication. En quête de réponses, Lumeri a été accueilli par des portes closes et des directives floues. On lui indique qu’il doit s’adresser à Riguene Kalume Walala, chef du service d’assistance et d’encadrement des mines artisanales et de petite échelle (SAEMAPE).
Les démarches de Lumeri pour obtenir audience auprès de M. Kalume Walala sont restées sans suite. Appels ignorés, rencontres avortées : l’indifférence des autorités régionales est totale. Pourtant, des indiscrétions circulent dans les coulisses : Kalume Walala serait impliqué dans ce détournement minier, facilitant l’accaparement des terres pour le compte de membres influents de la famille présidentielle. Si cette hypothèse se confirme, elle illustrerait une fois de plus la collusion entre pouvoir politique et intérêts privés, rendant tout recours impossible pour les exploitants artisanaux. Enquêtant sur la situation, on constate un mutisme glaçant des autorités locales. Aucun responsable n’a reçu de plainte, aucune exploitation illégale n’a été signalée officiellement. Cette omerta traduit-elle une incompétence ou un désintérêt délibéré pour la protection des exploitants locaux ? Julien Lumeri dénonce une injustice criante : « Nous continuons à assumer nos obligations envers l’Etat, mais d’autres profitent de l’impunité », résume-t-il, amer. Son cas n’est pas isolé. De nombreux exploitants artisanaux se heurtent à des confiscations de terrain sans justification ni intervention des autorités.
Au-delà de l’injustice subie par Lumeri, cette affaire met en lumière un problème plus large : l’absence de transparence dans la gestion des ressources minières en RDC. Lorsque des exploitants locaux respectant la législation sont spoliés sans recours, le message envoyé est clair : la loi ne s’applique pas à tous de la même manière. Ce climat d’impunité favorise un désastre environnemental et humain, où l’exploitation anarchique des ressources mine à la fois les écosystèmes et le tissu économique local. Julien Lumeri ne compte pas se taire. Il appelle à un dialogue sincère avec les autorités pour clarifier sa situation et récupérer ses droits. Mais son combat ne concerne pas seulement son cas personnel : il symbolise une lutte plus vaste contre un système qui détruit la crédibilité de l’Etat et piétine les droits des citoyens.
Dans un contexte où la RDC aspire à une meilleure gouvernance de ses ressources naturelles, ce type d’affaire rappelle combien les pratiques opaques restent prégnantes. La question est posée : combien d’autres Julien Lumeri devront encore être sacrifiés avant que justice ne soit rendue ?
Par Patrick tawaba