Grand Inga : un rêve national confisqué par le silence et l’exclusion

Kinshasa – Le 20 octobre, un communiqué conjoint signé par plusieurs organisations de la société civile congolaises ADEV, D5, IDEL, CORAP et CODED — est venu briser le calme artificiel entourant le mégaprojet Grand Inga, souvent présenté comme la fierté énergétique de la RDC.
Mais derrière le discours officiel d’un “projet pour tous”, un malaise profond grandit : le peuple est mis à l’écart de son propre destin.

Ces ONG, qui se battent pour une gouvernance plus transparente, dénoncent un processus verrouillé, mené loin des regards citoyens.
Elles rappellent que si la société civile a été invitée à certains ateliers, elle a été exclue de plusieurs réunions décisives, notamment celle organisée le 23 juin 2025 par l’ADEPI à Kinshasa. Une mise à l’écart jugée inacceptable pour un projet censé changer la vie de millions de Congolais.

“On ne peut pas parler d’un projet pour le peuple si le peuple n’a pas droit à la parole”, déplore la coalition, qui s’appuie sur l’article 24 de la Constitution garantissant le droit d’accès à l’information.

Alors que la RDC rêve de devenir la “batterie de l’Afrique”, les ONG tirent la sonnette d’alarme sur l’absence de transparence dans la communication des données techniques et environnementales du projet.
Elles exigent la publication immédiate des informations liées aux Études d’Impacts Environnementaux et Sociaux (EIES) : les phases, les cabinets d’études mandatés, les durées, et surtout les mécanismes de consultation des populations affectées.

Car pour ces défenseurs des droits, on ne peut pas électrifier un pays en plongeant ses citoyens dans l’ignorance. Les ONG appellent la Banque mondiale et l’ADEPI à élargir les consultations communautaires à toutes les populations concernées, et pas seulement aux chefs coutumiers ou administratifs.
Elles rappellent que les véritables voix du fleuve sont celles des pêcheurs, des femmes déplacées, des familles menacées par les travaux — pas celles qu’on convoque dans les hôtels climatisés pour valider des décisions déjà prises.

C’est le cri de colère qui monte du terrain. Car à force de décider sans écouter, le gouvernement et ses partenaires risquent de transformer un projet porteur d’espoir en une nouvelle injustice énergétique, où les profits et la lumière profiteront à quelques-uns pendant que les communautés affectées resteront, elles, dans le noir. Et la question résonne, plus brûlante que jamais :
à qui profitera vraiment la lumière de Grand Inga ?

Par kilalopress

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

%d blogueurs aiment cette page :