Goma : Un discours vibrant d’Olivier Ndoole pour les héros invisibles de la défense environnementale en RDC après la réception du Prix Tulipe 2024

Le 10 décembre 2024, à Goma, la cérémonie de remise du prestigieux Prix Tulipe a été marquée par un discours poignant d’Olivier Ndoole, Secrétaire Exécutif de l’Alerte Congolaise pour l’Environnement et les Droits de l’Homme (ACEDH), qui a souligné l’importance de la reconnaissance des efforts collectifs des militants, des défenseurs de l’environnement et des droits humains en République Démocratique du Congo (RDC).

En recevant ce prix, Olivier Ndoole a rendu hommage à tous ceux qui se battent sur la ligne de front pour protéger l’environnement en RDC, un pays où les défis sont multiples et où les menaces contre les défenseurs de l’environnement sont permanentes. « Ce prix est le fruit d’efforts collectifs », a-t-il déclaré, en saluant la contribution de milliers d’activistes, de militants congolais pro-climat, des peuples autochtones, des éco-gardes, ainsi que des avocats, magistrats et autres partenaires. Il a rappelé que ces défenseurs risquent leur vie et leur liberté pour réclamer la justice climatique, la protection de la biodiversité et l’accès équitable à la terre.

Olivier a particulièrement évoqué les victimes de ces luttes, citant des noms gravés dans la mémoire collective : Obed Karafuru, un défenseur des droits environnementaux, et les 15 agriculteurs de Rutshuru, exécutés sommairement en raison de leurs activités foncières. Il a également rendu hommage aux éco-gardes tombés au service de la protection des parcs nationaux de Virunga, Maiko, Kahuzi Biega et Upemba, et a observé une minute de silence en leur mémoire. Dans son discours, Olivier a également adressé des remerciements sincères au Royaume des Pays-Bas, qui a été un partenaire clé dans le soutien aux initiatives de l’ACEDH depuis 2015, lors de moments particulièrement difficiles. « Les Pays-Bas nous ont non seulement accordé un accueil chaleureux à La Haye, mais ont également été les premiers à soutenir l’ACEDH dans ses efforts de plaidoirie pour la justice foncière et la protection des défenseurs environnementaux », a-t-il ajouté. Ce soutien a permis de faire progresser des actions décisives, notamment en matière de contentieux climatique, de transition énergétique juste et d’inclusion des femmes et des jeunes dans les politiques environnementales. Olivier a salué la coopération entre les Pays-Bas et la RDC, tout en soulignant les progrès réalisés malgré les nombreux défis auxquels le pays fait face, notamment en matière de gouvernance environnementale. « C’est un travail à haut risque, souvent négligé, mais qui est essentiel pour l’intérêt commun de l’humanité », a-t-il rappelé.

Profitant de cette occasion, Olivier Ndoole a formulé plusieurs recommandations à l’intention des autorités congolaises et des partenaires internationaux pour consolider la protection des défenseurs de l’environnement en RDC et ailleurs. Le laureat du jour a insisté sur la nécessité de réviser la loi congolaise sur la protection des défenseurs des droits de l’homme afin qu’elle devienne véritablement un instrument de protection, et non un cadre répressif. Il a plaidé pour un soutien renouvelé au processus de révision de cette législation afin de garantir une véritable sécurité juridique pour les défenseurs de l’environnement, souvent exposés à des menaces de violences et de détentions arbitraires.

Dans un contexte global où la voix des défenseurs environnementaux est souvent ignorée, Olivier a recommandé un soutien accru à l’initiative LEAD ( Leader Environmental, activists defenders , une plate forme multilatérale regroupant les défenseurs environnementaux, indigènes,  ong internationale ,les agences onusiennes, les opérateurs et plates économiques et décideurs politiques des Etats autour de la question de la participation des défenseurs et autochtones aux discussions climatiques,  accès à l’information d’intérêt public et accès à la justice ), qui vise à renforcer la participation des défenseurs et des peuples autochtones dans les négociations internationales sur le climat. La RDC, a-t-il souligné, doit rejoindre cette initiative afin de garantir une meilleure représentation de ses défenseurs dans les débats mondiaux sur la justice climatique. Le Secrétaire Exécutif de l’ACEDH a également appelé à la création d’un cadre juridique régional facilitant l’accès à l’information, à la justice et à la participation des citoyens dans les questions environnementales. Il a suggéré l’adoption d’un accord-cadre similaire à l’Accord d’Escazú en Afrique, afin de renforcer les droits à l’information et à la participation dans les processus décisionnels relatifs à l’environnement. Dans les recommandations de son discours, l’avocat Olivier a mis en lumière l’importance de soutenir les initiatives locales visant à protéger les forêts, garantir les droits fonciers locaux et promouvoir l’accès aux énergies renouvelables. Il a insisté sur la nécessité de lutter contre les crimes liés à l’exploitation illégale des ressources naturelles et la faune sauvage. Une transition énergétique juste, respectueuse des droits humains et sensible aux enjeux de genre doit être au cœur des politiques publiques, a-t-il affirmé. Le dialogue entre le Nord et le Sud, selon Olivier, doit être renforcé sur les questions de la transition énergétique, en particulier sur la mise en place de mécanismes financiers qui soutiennent les efforts des pays en développement pour une transition juste. Il a également appelé à un plaidoyer collectif pour la libération des défenseurs de l’environnement emprisonnés et l’engagement de poursuites contre ceux qui sont responsables des violations de leurs droits.

Enfin, Olivier Ndoole a recommandé la mise en place d’un système de sanctions ciblées à l’échelle internationale, visant à punir les personnes morales et physiques responsables des violations des droits des défenseurs de l’environnement. Selon lui, ces sanctions doivent être un outil de pression pour mettre fin à l’impunité dont bénéficient trop souvent les auteurs d’atteintes aux droits humains.

La cérémonie de remise du Prix Tulipe a été l’occasion de rappeler que les défenseurs de l’environnement en RDC et dans le monde entier font face à de multiples défis, mais leur travail reste essentiel pour l’avenir de la planète. « Le travail des défenseurs environnementaux est souvent invisible, voire méprisé, mais il est crucial pour la survie des générations futures et la sauvegarde de la biodiversité », a conclu Olivier Ndoole. Le Prix Tulipe, en honorant aujourd’hui ces militants courageux, rappelle à la communauté internationale l’urgence de soutenir les voix qui se battent pour la justice climatique, la protection des droits humains et la sauvegarde de notre planète. Il constitue également un appel à l’action pour renforcer les mécanismes de protection des défenseurs de l’environnement, notamment dans des contextes aussi complexes que celui de la République Démocratique du Congo. Ce prix est bien plus qu’une distinction personnelle : il incarne l’espoir et la résilience des défenseurs de l’environnement du Congo, des héros de l’ombre qui, chaque jour, affrontent les dangers pour protéger un bien commun de la plus haute importance.

Par kilalopress

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