Collusion, corruption et écocide : l’alliance mortelle entre les Mbororo et les autorités du Haut-Uele

KilaloPress – Kinshasa, 30 mai 2025 Dans les profondeurs du Haut-Uele, un drame se joue à huis clos. L’arrivée progressive mais soutenue des éleveurs étrangers Mbororo dans cette province du nord-est de la République Démocratique du Congo n’est plus un simple fait divers ou une anomalie migratoire : c’est une crise systémique, à la fois sociale, foncière, environnementale et sécuritaire.

Un rapport d’alerte, transmis à notre rédaction ce 30 mai 2025 par l’Association Nationale des Victimes du Congo (ANVC), lève le voile sur une série d’accusations graves : une collusion présumée entre des autorités administratives congolaises et ces groupes d’éleveurs nomades venus d’ailleurs.

Au cœur de ce système opaque, plusieurs figures apparaissent. Le rapport cite explicitement le gouverneur de la province du Haut-Uele, Jean BAKOMITO, accusé par des sources concordantes d’avoir toléré, voire facilité, l’installation illégale des Mbororo dans des zones habitées. Aux côtés de certains chefs coutumiers, également mis en cause, des responsables administratifs auraient perçu des sommes importantes en échange de leur silence ou de leur complicité, dans ce qui est présenté comme un véritable marché noir de l’impunité territoriale.

Le prix à payer pour cette corruption présumée est inestimable. Dans les villages du Haut-Uele, les populations locales assistent impuissantes à la destruction de leurs champs, à l’occupation de leurs terres, à l’effondrement de leurs habitations. Des dizaines de témoignages font état de déplacements forcés, de violences, de menaces et d’un climat d’insécurité permanent. Des familles entières, privées de leurs moyens de subsistance, vivent désormais dans un dénuement total.

Mais les conséquences ne s’arrêtent pas aux seuls impacts humains. Le rapport évoque également des atteintes graves à l’environnement : déforestation incontrôlée, pollution des rivières, disparition de la biodiversité locale. Ce désastre écologique, alimenté par l’inaction ou la complicité de ceux qui devraient incarner l’autorité publique, transforme lentement mais sûrement le Haut-Uele en un territoire abandonné à l’anarchie pastorale.

Pourtant, les communautés ne se taisent plus. Des voix s’élèvent, de plus en plus nombreuses, au sein de la société civile. Elles exigent l’ouverture d’une enquête indépendante, qui ne soit ni confiée aux autorités locales ni dictée par des intérêts politiques. Elles demandent que les responsabilités soient clairement établies, y compris au plus haut niveau de la hiérarchie provinciale. Elles réclament que justice soit rendue aux victimes, que les terres spoliées soient restituées, que les auteurs des violences et de la corruption répondent de leurs actes.

Un sentiment d’abandon domine parmi les populations affectées. Dans de nombreux cas, les plaintes déposées auprès des autorités ont été ignorées, parfois même étouffées. Ce mutisme institutionnel alimente les frustrations et fait peser un risque réel d’explosion sociale dans une région déjà marquée par des tensions historiques.Au sein des réseaux d’activistes et d’organisations locales, certains parlent désormais d’« écocide politique ». Un terme fort, mais qui reflète une réalité glaçante : l’écosystème du Haut-Uele est en train de mourir, non pas uniquement sous l’effet d’une pression externe incontrôlée, mais avec la bénédiction tacite ou active de ceux qui sont censés le défendre.

À Kinshasa, l’affaire commence à faire grincer des dents. Si aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée du côté du gouvernement central, les révélations contenues dans ce rapport risquent de devenir un test de crédibilité pour l’État congolais dans sa prétention à défendre la souveraineté, l’environnement et les droits humains. La société civile, quant à elle, ne compte pas relâcher la pression. Elle entend documenter chaque violation, interpeller les partenaires internationaux, et porter la voix des victimes sur toutes les tribunes possibles. Pour elle, l’humanité n’est pas compatible avec l’impunité.

Dans les villages de Dungu, Faradje ou Niangara, les regards sont désormais tournés vers Kinshasa. Ce qu’ils attendent, ce n’est pas une simple déclaration d’intention. C’est une réaction claire, ferme, et immédiate. Certains sources craignent que si rien ne se passe, le Haut-Uele deviendra bien plus qu’une crise provinciale : il deviendra le symbole d’un État qui aura choisi de tourner le dos à ses citoyens et à ses forêts.

Par kilalopress

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