Kinshasa, 3 novembre 2025 Sous un soleil matinal, des centaines de militants de la société civile, regroupés au sein du Réseau sur le Changement Climatique de la RDC (RCC-RDC), ont pris d’assaut les rues de Kinshasa ce lundi 3 novembre. Partis du rond-point la place des Évoluer jusqu’au ministère de l’Environnement et Développement Durable, les manifestants ont marché dans une ambiance militante, scandant des slogans pour la justice climatique et brandissant des pancartes appelant à « 1% pour un avenir minier responsable ».
Cette mobilisation s’inscrivait dans le cadre de la campagne « 1% pour un avenir minier responsable », initiée par le RCC-RDC. Objectif : revendiquer l’instauration d’une taxe mondiale de 1% sur les produits finis contenant des minerais stratégiques — tels que le cobalt, le lithium, le cuivre ou le nickel — afin d’alimenter un fonds de compensation destiné aux communautés locales affectées par l’exploitation minière. Selon le mémorandum déposé au ministère, cette taxe permettrait de financer des projets de restauration environnementale, de renforcer la gouvernance du secteur minier et de soutenir la transition énergétique en Afrique centrale, notamment en République démocratique du Congo.
« Il est temps que la justice climatique ait sa place en RDC », a déclaré Julia Kusola, chargée de communication du RCCRDC. « Nous demandons qu’une partie des profits générés par les minerais stratégiques soit réinvestie pour améliorer les conditions de vie des communautés locales qui, paradoxalement, restent les plus pauvres malgré la richesse de leur sous-sol. »

Arrivés au siège du ministère, les représentants du mouvement ont remis officiellement leur mémorandum de plaidoyer à l’intention des autorités environnementales. Ce document, que le RCC compte également présenter lors de la COP30 prévue au Brésil, formule plusieurs recommandations clés :
- la création d’un fonds mondial de 1% sur les produits contenant des minerais stratégiques ;
- la rétrocession des redevances minières aux communautés locales ;
- la restauration des sites miniers pollués et la réhabilitation des terres dégradées ;
- la redevabilité accrue des entreprises minières et la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles.
Pour Alexis Mbum Kazembe, coordonnateur de l’Association des Agriculteurs Sans Frontières et membre du réseau RCCRDC, cette initiative est avant tout une question de justice. « Nous réclamons la restitution des 1% au profit des communautés, mais aussi une meilleure gestion des 3% de redevance minière que les sociétés doivent verser. Trop souvent, ces montants disparaissent sans impact réel sur le terrain. »
Présent dans les 26 provinces et 145 territoires de la RDC, le RCCRDC s’appuie sur un vaste réseau d’organisations partenaires engagées dans la lutte pour la justice climatique et la transparence dans le secteur extractif. La coalition collabore également avec d’autres mouvements africains, notamment le réseau PACJA, pour faire avancer la reconnaissance des droits des communautés locales face à l’industrie minière.
« Nous gardons les forêts, nous protégeons les bassins du Congo, nous préservons l’eau et la biodiversité mondiale », a poursuivi M. kazembe. « Il est donc légitime que la RDC reçoive une compensation juste pour les services environnementaux qu’elle rend à l’humanité. »

À quelques semaines de la COP30, cette marche citoyenne envoie un signal fort : la société civile congolaise entend peser dans le débat mondial sur la transition énergétique et rappeler que celle-ci ne peut se faire au détriment des populations locales. En déposant ce mémorandum, les membres du RCC affirment vouloir porter la voix de ces communautés souvent absentes des grandes négociations internationales. « Nous parlons au nom de ceux qui n’ont pas la chance de se faire entendre », a conclu Julia Kuzola, avant d’ajouter : « Sans justice sociale et environnementale, la transition énergétique restera incomplète. »
Par kilalopress